Recent reviews by Nyri0

Season m’a transporté le temps de quelques heures dans son univers mystérieux, poétique et mélancolique. Je suis parti à l'inconnu avec seulement un vélo et un petit sac. Magnétophone, appareil photo et crayon en main, j'ai documenté les derniers jours d'une saison. J'ai vécu des moments de partage avec des inconnus, cherché les meilleures compositions photographiques, creusé dans un passé douloureux. Avec soin, j'ai arrangé ces souvenirs dans mon journal pour laisser une trace pour les générations futures.

Sa superbe direction artistique, son univers, son écriture, font de Season un petit bijou pour les artistes et les poètes. Je regrette seulement qu’il ne soit pas plus grand. On a l’impression de partir pour une aventure immense, alors qu’au final elle se limite à explorer une petite vallée.

Il y a plein de choses qui ne vont pas dans Double Exposure. À commencer par le réseau social Crosstalk, une espèce de Twittagram où les personnages partagent en permanence leurs hot takes. À chaque fois que Max prend un polaroïd, la photo est directement postée sur Crosstalk avec un commentaire un peu con. Si on passe outre le fait que ce n'est pas comme ça qu'un polaroïd fonctionne, c'est incohérent avec le personnage de Max et son approche de la photographie. Je trouve aussi dommage que l'on soit aussi limité dans le choix des sujets et angles de photos. Il y a une dissonance entre les photos exposées par Max qui ont fait d'elle une artiste reconnue, et les photos prises tout au long du jeu.

Ensuite, sur le plan narratif, il y a un bon fond avec l'idée des deux timelines, quelques plot twists inattendus, et des personnages attachants. Mais mon impression générale est que c'est un grand méli-mélo d’idées mal exécutées et d’incohérences, notamment toute la backstory autour de Maya. Aussi, Amanda n’est pas assez intégrée à l’histoire et la romance est parachutée avant qu’elle ne soit vraiment présentée.

Par rapport à LiS 1 et True Colors, j’ai trouvé dommage que la musique prenne moins de place dans Double Exposure, en dehors de quelques morceaux sympas joués au bon moment. Dans True Colors, c’était un élément central et les scènes d’Alex à la guitare étaient parmi les moments les plus mémorables. Mais la guitare de Maxine est purement décorative.

Alors pourquoi je recommande quand-même le jeu ? Parce que j’ai passé un bon moment malgré tout. Même de la main de Deck Nine et pas les créateurs originaux chez Dontnod, on retrouve l’ambiance Life is Strange, un bel univers visuel (paysages enneigés, architecture, oeuvres d’art, style peinturesque), et un bon soundtrack indie. Mais ce n’est pas la claque de LiS 1. C’est la volonté d'un éditeur cupide, exécutée par des fans du jeu original.

Bien que ni les roguelikes ni les jeux de cartes soient mes genres de prédilection, depuis Inscryption je suis assez enclin à tenter le mélange. Balatro a pas mal de similarités, proposant d'augmenter son deck pour répondre à des défis de difficulté croissante, avec suffisamment d'aléatoire pour que deux parties ne se ressemblent pas. C'est intelligent, satisfaisant, et étrangement addictif.

7 ans après la claque du premier opus, hypé par des bandes annonces spectaculaires et la participation de Heilung à la bande originale, j'avais de très grosses attentes pour Senua's Saga. Mais si l'on retrouve bien l'ambiance unique de son prédécesseur, on en retrouve malheureusement les défauts aussi.

Tout d'abord, Hellblade II est un régal visuel. Les paysages islandais, l'animation exceptionnelle (notamment grâce à des technologies d'anim faciale de pointe qui permettent une expressivité inédite), la caméra cinématique, la lumière et effets, créent des séquences vraiment mémorables. Ensuite, énorme coup de cœur sur la BO. Forcément, je suis fan de Heilung que j'ai été voir en concert, et le thème du jeu se prête parfaitement à ce genre de musique.

Mais le système de combat très cinématique devient rapidement répétitif, les puzzles sont chiants, et certains passages comme la quête du Huldufolk m'ont paru longs, alors que le final est au contraire un peu court et décevant. Malgré la narration solide, j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire.

En bref, un spectacle audio-visuel mais les défauts de gameplay du premier n'ont pas été corrigés dans cette suite.

J'ai rarement été aussi fier de terminer un jeu. Et au moment où j'écris ceci, je suis un des 31 joueurs sur 7000 à avoir réussi cet exploit ! Il m'aura fallu 16h sur 3 jours, et l'optimisation de code très bas niveau est mon métier. Bref, autant dire que le jeu s'adresse vraiment à une très petite niche.

C'est un jeu de programmation en assembleur, un peu dans le style des Zachtronics, avec un jeu d'instruction ésotérique. Instruction au singulier car il n'y en a qu'une: subleq. On commence très simple avec addition, multiplication, division, puis on implémente des opérations sur des séquences, un tri, une calculatrice, et on finit par l'exécution de programmes donnés en entrée. Si au début on à l'impression qu'on va s'amuser à optimiser le nombre de cycles, c'est surtout la taille qu'on optimise à la fin car il faut que le programme et toutes ses variables tiennent en 255 octets.
Pour guise de distraction entre les tâches ardues, on reçoit une série d'emails assez drôles qui retracent l'histoire de SIC Systems, la corporation caricaturale qui vous exploite.

C'est gratuit donc si vous êtes ingénieur et maso faut pas hésiter à tenter.

Chants of Sennaar propose un gameplay innovant, unique en son genre. L'idée est de déchiffrer progressivement les glyphes de plusieurs langues, pour comprendre les dialogues et indices qui permettent de résoudre les puzzles et avancer dans le jeu. Et l'exécution fonctionne bien. Le jeu nous prend un peu par la main pour nous assister dans la tâche complexe, en fournissant notamment des mécanismes de validation des glyphes par petits groupes. Les énigmes sont variées et vraiment bien construites. Le gameplay se renouvelle bien : il y a de nombreuses manières différentes de deviner la signification des glyphes, et des énigmes qui font appel à la logique en plus de la seule compréhension linguistique. Le challenge supplémentaire pour atteindre la vraie fin demande en revanche une bonne compréhension de la grammaire de chacune des langues. C'est franchement réussi. Le seul reproche que j'ai à faire est qu'il y a pas mal de backtracking, c'est-à-dire qu'on doit faire des retours en arrière parce qu'on a manqué des éléments essentiels à la progression. J'ai dû prendre l'habitude d'utiliser la touche qui révèle tous les objets avec lesquels on peut interagir. Un petit reproche plus personnel concerne les rares passages qui demandent de la rapidité, un peu dommage parce que c'est surtout un jeu de réflexion, et en y jouant au trackpad sur ordi portable ces passages sont stressants et n'apportent rien au jeu.

Du côté des thèmes, j'ai bien accroché. Il y a des références au mythe de la Tour de Babbel, mais aussi un univers fictif original. Chaque peuple/niveau a son lore et son ambiance visuelle et sonore. Les glyphes et langues sont très travaillés, avec des logiques différentes et adaptées à chacun des peuples. Et le thème principal est la connexion et le fait que se comprendre unit.

Les plans fixes fonctionnent très bien. Le style graphique minimaliste est très soigné et beau. Le jeu en règle générale est bien fini, l'UI est nickel.

Excellent jeu de détective. Un peu comme Obra Dinn, il faut reconstituer les événements et entrer les informations dans une interface de validation. Les scènes de crime sont complexes, et demandent de faire des liens entre beaucoup d'indices et avoir une bonne mémoire des scènes précédentes pour bien comprendre l'histoire et faire les bonnes déductions.

L'interface de validation est divisée en plusieurs panneaux qui sont validés indépendamment, ce qui permet de raisonner par étapes. Si l'on peut de temps en temps résoudre un dilemme par force brute lorsque l'on a bien réduit le champ des possibles, la validation est suffisamment complexe pour éviter les abus.

J'ai été franchement surpris par la qualité des énigmes, qui sont intellectuellement stimulantes. L'histoire et le style artistique sont assez loufoques mais fonctionnent bien. Pas mal d'humour bien à mon goût également.

Quand j'ai vu la bande annonce, j'ai été tout de suite intéressé par le concept mais je me demandais si le jeu allait arriver à se renouveler ou vite stagner autour de cette idée. Eh bien, le jeu a réussi à continuer à me surprendre tout du long avec de nouvelle mécaniques, au point que le seul défaut qu'on puisse lui reprocher est de ne pas les pousser à fond. Ça a donc été une expérience sans frustration ni blocage, même dans les niveaux optionnels, mais satisfaisante dans son ensemble.

Le lore est assez accessoire aux puzzles mais donne un peu de vie à l'univers. J'ai bien aimé le chat (que j'ai caressé dans à peu près chaque niveau). Les graphismes sont simples mais jolis, et ils se sont vraiment amusés sur les shaders avec différents filtres ainsi que les peintures, cartes postales, blueprints etc. Pas mal de ces contenus optionnels m'ont vraiment amusé.

Puis techniquement, c'est vraiment super bien fait. Le jeu sur les perspectives, le passage nickel de la 2D à la 3D. Franchement, chapeau. Les finitions du jeu sont nickel.

Si l'on reconnaît la patte graphique de Dontnod, c'est un concept nouveau que nous livre le studio parisien avec Jusant. Contemplatif, le jeu d'escalade nous propose une ascension solitaire pour aller chercher la pluie. On trouvera des échos de la vie des habitants qui ont peuplé la tour à travers les lettres et notes qu'ils ont laissées, satisfaisant en partie notre soif de comprendre l'univers du jeu.

J'ai eu peur au début que le gameplay d'escalade ne tienne pas dans la longueur, et la prise en main n'était pas évidente, mais on y prend goût et des nouvelles mécaniques s'ajoutent régulièrement pour renouveler le gameplay.

Jusant est un festin pour les yeux, notamment toute la section dans les grottes avec les champignons bioluminescents. Le style graphique est épuré, très stylisé, mais donne vie à un univers coloré, fantastique. On passe une bonne partie du jeu à simplement en admirer le paysage. La bande originale de Guillaume Ferran soutient aussi grandement cette expérience contemplative.

En revanche, ayant joué une vingtaine de jours après la sortie, j'ai eu pas mal de bugs. Ça va de simples glitchs physiques à crash du jeu, ainsi qu'un problème récurrent de résolution: le jeu base le ratio et résolution maximum sur un autre moniteur que celui sélectionné. Le seul moyen que j'ai trouvé de résoudre le problème était de déconnecter tous mes autres moniteurs et soundbar (qui est en HDMI donc reconnue comme un moniteur), lancer le jeu, puis reconnecter la soundbar...

Je dois avouer que même si j'apprécie les expériences atmosphériques et contemplatives (comme Journey), de la part de Dontnod j'aurais préféré plus de focus sur la narration, par exemple axer l'histoire sur l'expédition de Bianca, avec plusieurs personnages, pourquoi pas même carrément proposer de la coop. Mais bon, c'est le choix créatif qu'ils ont fait et ça fonctionne aussi.

Ça fait une décennie que le jeu est sorti, mais il aura mis du temps à arriver sur PC, et quand j'ai entendu que le portage était un fiasco, j'ai patienté encore un peu. La plupart de ces soucis techniques ont été réglés, mais j'ai quand-même eu des gros lags au début. Le jeu pouvait tourner nickel pendant un moment, et puis d'un coup c'était injouable. Du coup j'ai baissé pas mal les options graphiques et ça a bien tourné pour le reste du jeu (enfin, j'ai une RTX 3080 et un i7-13700K quand-même...).

Bref, par rapport au contenu du jeu, tout a déjà été dit, mais j'ai été captivé par les personnages, l'univers post-apocalyptique, l'histoire riche en rebondissements. Et Left Behind apporte pas mal au background de Ellie. Le jeu est dense, durant une quinzaine d'heures en comptant le DLC, et laisse peu de moments pour souffler. C'est un jeu couloir mais avec une variété d'environnements et de passages narratifs différents.

Cette version remastérisée ne laisse rien paraître de l'âge original du titre. Les modèles ont bien été modernisés, et même si ce n'est pas le jeu le plus impressionnant graphiquement, sa direction artistique et son esthétique post-apo en font un délice visuel. Notamment le passage de l'hiver qui est l'apogée du jeu en termes d'ambiance et d'environnements.

Je suis impatient maintenant de découvrir la série, et j'espère la partie 2 quand elle sortira sur PC (mais rien d'officiel à ce sujet pour l'instant).