Oyez oyez seigneurs et gentes dames, je suis venu ici prestement pour vous conter l'histoire, que dis-je, la légende d'un grand jeu vidéo, parbleu !

CK3 est tout bonnement devenu mon jeu de stratégie / gestion préféré, et c'était pas gagné, car malgré mon envie croissante de m'essayer à cette licence du fait d'un attachement profond pour la série Game of Thrones dont CK semblait être un décalque vidéoludique, je m'y étais initié par le biais du second opus, qui m'avait totalement refroidi. Austère, brut de décoffrage, aux antipodes de la notion de casu-friendly, bref, autant de termes pompeux pour expliquer simplement que non, je n'avais pas réussis à rentrer dans CK2 malgré mon envie débordante d'y parvenir.

Fort heureusement le 3 est arrivé, et avec lui: une interface plus agréable, des infobulles très pratiques, notamment grâce à la surbrillance d'éléments importants à connaître, permettant au joueur d'apprendre à son rythme. Et c'est ainsi que l'une de mes plus récentes histoires d'amour avec un jeu vidéo à débuter.

Il me serait fastidieux d'expliquer frontalement toute la richesse de ce jeu en quelques mots et de manière fluide, donc je vais me contenter de vous narrer une histoire fictive retraçant les mécaniques du jeu.

------------
Tout commence dans un comté quelconque, avec vous à sa tête. En bon noble que vous êtes, ce que vous avez actuellement ne vous suffit pas, il vous en faut plus. Mais comment étendre son territoire quand tous vos voisins ont des armées plus fortes que la vôtre ?

Par un heureux hasard, il se trouve que vous avez un fils, et que le seigneur du patelin d'à côté a une fille. Parfait ! Vous les fiancez, scellant par la même occasion une alliance, qui vous offre l'appui militaire dont vous aviez besoin. Une petite déclaration de guerre plus tard grâce à un casus beli, condition sine qua non pour ouvrir les hostilités, obtenu par votre évêque, et vous voilà désormais à la tête de deux comtés.

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Dans votre récente conquête, vous avez obtenu de nouvelles terres et de nouveaux sujets, parmi eux se trouve quelqu'un ayant une revendication sur le comté juste à côté. Encore une fois, parfait. Les astres s'alignent pour vous semble-t-il. Petit hic, ce Comte a lui aussi un allié cette fois. La puissance militaire de votre alliance ne sera pas suffisante, et vous n'avez plus de rejetons à marier pour en obtenir une nouvelle. Soit, si vous ne pouvez accroître la vôtre, vous pouvez toujours essayer d'affaiblir la sienne.

L'alliance de votre cible repose sur le mariage de sa fille, alors peut-être qu'un malheureux accident pourrait résoudre ce problème. Mais comment faire ? Vos talents en intrigue sont assez médiocres, et ceux de votre maître espion également. La solution est évidente : il faut changer de maître espion, mais personne à votre cour ne semble plus apte que lui. Alors voyez plus large. En scrutant les terres plus éloignées vous tombez sur une femme qui a les compétences parfaites pour cela. Mais comment la convaincre de rejoindre votre cour ?

Il se trouve que vos personnalités respectives ont pas mal d'atomes crochus, et votre physique avenant vous offre en plus de cela un petit plus auprès de la gent féminine. Ni une ni deux vous vous lancez dans le but de la courtiser, et après des mois de labeurs, c'est chose faite, elle est éprise de vous, suffisamment pour accepter votre invitation. Votre nouvelle amante devient également votre nouveau maître espion, il est désormais tant d'enclencher le complot visant la fille du Comte.

Un bête accident de morsure d'araignée plus tard, voilà l'alliance dissoute, et vous prêt à guerroyer. Une année plus tard, vous avez désormais trois comtés sous votre coupe. Possédant désormais assez de terre, votre rang passe désormais à Duc, et vous devenez par la même un des vassaux les plus puissants de votre seigneur lige, le roi, dont vous miroitez désormais le trône.

Mais c'est encore trop imprudent pour s'essayer à une prise pareille. Il faut grossir vos forces. Les années passent et votre vie de comploteur se poursuit. Votre femme vous donne d'autres enfants, vous balayez les révoltes de paysans mécontents, vous guerroyez pour étendre votre territoire, festoyez pour accroître votre influence, dépensez intelligemment vos revenus : construire par ici, soudoyer par là.

Désormais vous avez toutes les cartes en main, il ne vous reste plus qu'à attendre le moment opportun. Et voilà que le roi décide de déclencher une guerre. Celle-ci se poursuit sur de nombreuses années, mettant le royaume à feu et à sang. Au fil du temps l'opinion de ses vassaux se dégrade, et quand la guerre est enfin terminée, c'est un royaume mécontent et divisé qui fête la victoire.

La situation ne pourrait pas vous être plus favorable. Il est temps de mener une faction d'indépendance contre le Roi. Rapidement, d'autres vassaux viennent vous soutenir. Entre ceux qui ont une mauvaise opinion du roi et ceux que vous avez mis dans votre poche, de gré ou de force, plus rien ne peut vous arrêter.

Un an plus tard, vous voilà indépendant, et votre ancien royaume n'existe plus, fragmenté en une myriade de duchés... qu'il vous sera facile de conquérir séparément. Vos terres ne font que croître, et vous obtenez désormais le titre de roi. Tout semble vous sourire, du moins jusqu'à présent, car il se trouve que votre passé est venu vous rattraper.

Le secret de votre liaison avec votre amant a été découvert et révélé, ce qui conduit quelques vassaux à revoir leur opinion à votre égard, dans un même temps, l'un d'entre eux, autrefois loyal à votre prédécesseur, devenu votre rival quand vous aviez usé de fourberie pour le contraindre à prendre les armes contre son seigneur lige, semble se tenir prêt pour déclencher les hostilités. Et pour ne rien arranger, le royaume voisin dont les terres ont été volées par votre prédécesseur, a repris des forces et compte bien reprendre ce qui est à lui, tandis que l'ancien Roi déchu a obtenu une alliance afin de faire valoir ses revendications sur le trône.

Ni une ni deux vous agissez en conséquence. Tentative d'assassinat sur le prétendant, création d'hameçon sur votre vassal pour le tenir en respect, et alliance express pour obtenir du soutien dans la guerre. Malheureusement, tout ceci ne servira à rien.

Vous finirez assassiné par une tiers personne qui était resté tapis dans l'ombre tout ce temps, et qui aura obtenu le soutien de votre femme dans son complot, parce qu'elle aura visiblement très mal pris votre adultère.
------------

Et des histoires de ce genre, tout joueurs de CK3 pourraient vous en conter une myriade. Car c'est cela Crusader Kings 3. C'est cela la raison qui en fait un jeu si riche, si prenant, si passionnant, si incroyable, si addictif : c'est un générateur d'Histoire avec un grand H.

Le nouveau roi des jeux de stratégie et de gestion, avec des parures de jeu de rôle.