The Fighting Doll
France
 
 
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Игрален колекционер
Изложение на рецензиите
Изиграни 11,7 ч.
ACHTUNG
ACHTUNG
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Je l'attendais avec impatience depuis les premiers teasers, immédiatement séduit par son esthétique rétrofuturiste qui mélange avec élégance des modèles low poly dans le plus beau style PS1 avec un pixel art soigné. Hé bien Signalis ne m'a pas déçu, offrant une expérience de survival horror pur jus, intense et captivante, tirant le meilleur de ses inspirations pour proposer un récit qui se démarque sans hésitation et forge sa propre identité.

WAKE UP

Dans Signalis, on incarne Elster, une androïde (une Replika) à la recherche d'une autre femme (une Gestalt) dans une base minière sur une planète lointaine. Les bases de gameplay vous parleront très vite si vous avez déjà touché à Resident Evil ou Silent Hill : on explore les lieux pièce par pièce, à la recherche de documents ou d'objets nécessaires pour débloquer les passages verrouillés. On traverse des couloirs remplis d'ennemis qu'il faut affronter ou esquiver, pesant le pour et le contre selon le stock de munitions restantes. On résout des puzzles plus ou moins abscons, à coup de médaillons, de codes, de mélodies... Signalis est très fidèle aux canons du genre. On y retrouve la fameuse save room : les salles dépourvues d'ennemis, à la musique apaisante, où l'on peut décompresser un peu, sauvegarder sa partie et prendre le temps de faire du tri dans son inventaire. C'est justement la gestion de l'inventaire qui constitue le point de friction central du jeu : il est limité à six emplacements seulement. Avec les différentes armes, des objets de soin, de l'équipement tel qu'une lampe torche, et toutes sortes d'objets à trimballer d'un bout à l'autre pour résoudre des puzzles, il faut apprendre à planifier ses sorties : partir les poches pleines de munitions pour dégager le passage de tous les ennemis, ou bien se délester au maximum pour ramasser le plus de ressources possible avant de revenir. Évidemment ça force à multiplier les aller-retours, mais ça fait partie intégrante de la boucle de gameplay. On consulte la carte des lieux pour prévoir son chemin en essayant d'optimiser le trajet, sans être certain du nombre d'ennemis qui nous attendent, hésitant à emmener un spray réparateur qui coûte un précieux emplacement. Le combat lui-même n'est pas trop exigeant, la difficulté venant surtout des munitions en quantité limitée et des ennemis qui peuvent surgir sans prévenir d'un recoin sombre. Attention toutefois à ne pas se laisser encercler, les ennemis trop proches pouvant interrompre Elster lorsqu'elle essaie de tirer. Signalis introduit un module radio tôt dans l'aventure, qui devient un élément clé pour interagir avec les puzzles ou certains ennemis provoquant des interférences particulièrement envahissantes à l'écran. Le bruit de fond de la radio fait d'ailleurs partie du paysage sonore agressif du jeu : diffusion de séquences numériques monocordes, cris stridents des Replikas corrompues qui se jettent sur Elster, percussions violentes dans la bande-son... Signalis n'essaie jamais de nous mettre à l'aise, bien au contraire.

REMEMBER OUR PROMISE

Et si les environnements sordides qu'on explore participent à la boucle de gameplay par un level design faisant de son mieux pour nous désorienter (passages à sens uniques, raccourcis à débloquer, géographie trompeuse), ils retranscrivent également la brutalité de l'univers dans lequel Ester évolue. Le jeu est chiche en explications directes, mais fourmille de détails qui ont beaucoup d'implications sur les origines des personnages. Il est question d'expéditions à la recherche de nouvelles planètes. D'une société collectiviste, plaçant ses citoyens sous surveillance. D'un conflit désastreux entre la Nation et l'Empire. De sacrifices exigés au nom de tous, de tragédies silencieuses qui s'accumulent jusqu'à déborder. Les posters (à la typographie magnifique, si on apprécie la propagande autoritaire) dévoilent différents modèles de Replika aux carrières prédestinées ; les rapports confidentiels révèlent les faiblesses documentées et exploitées de leur psyché. Le jeu parvient à dévoiler son univers de manière astucieuse, exposant tous ces détails sans jamais perdre le point de vue de l'héroïne. Le contexte qu'on découvre peu à peu ne fait que renforcer l'urgence et la détresse qui muent Elster dans sa quête obstinée. Une quête qui va la mener dans des endroits sombres, terrifiants, voire même impossibles. L'aventure nous met initialement en confiance avec un cadre sci-fi assez normal, avant de révéler un montage troublant qui présage des directions drastiques qui vont suivre. Les navettes spatiales et bases minières délabrées laissent place à des environnements plus oniriques, détachés du monde réel, plus... organiques également.

ALONG THE SHORE THE CLOUD WAVES BREAK
THE TWIN SUNS SINK BEHIND THE LAKE
THE SHADOWS LENGTHEN
IN CARCOSA

Les thématiques abordées par l'intrigue sont lourdes, mais présentées avec une touche très particulière qui vise toujours l'indirect ; elles hantent chaque instant du jeu, sans chercher à se manifester explicitement. Cela passe notamment par la mise en scène, qui privilégient les montages muets aux scènes de dialogue. Des montages frappants, aux coupes rapides et aux symboles forts, martelés jusqu'à être gravés dans notre crâne. Le crépitement de la radio. L'île des Morts de Böcklin. Une mer rouge sang s'étendant à l'infini. À travers ces images, le jeu parvient à exprimer son propos sans jamais établir une suite d'évènements bien définie. On découvre une série de fragments de souvenirs, qui résonnent les uns avec les autres pour communiquer via notre ressenti plutôt que notre compréhension. On finit le jeu en ayant eu l'impression d'avoir partagé l'état émotionnel qui anime Elster tout du long : cette sensation de désir absolu, douloureuse, pour une personne absente et inaccessible. Cette incapacité à distinguer entre souvenirs et réalité au fur et à mesure que les deux se mélangent et prennent corps autour d'elle. Ce besoin de se raccrocher à son objectif pour maintenir son identité alors que tout semble fluctuant, intangible. On en ressort un peu déboussolé mais touché, par cette conclusion belle et cruelle.

WAKE UP

Bref, j'ai un peu de mal à parler de Signalis avec le détachement nécessaire tant c'est une expérience qui m'a marqué via ce qu'elle exprime, plus que par ses mécaniques et son histoire (que j'ai par ailleurs également adorées). Il est bien sûr possible d'apprécier le jeu de manière plus rationnelle : il y a certainement matière à analyser et à bâtir des théories avec tous les éléments de l'univers. Certains pourront être frustrés par son intransigeance en terme de gameplay à certains moments. Mais si vous vous intéressez au survival horror, c'est le jeu immanquable de cette année.

I'VE BEEN WAITING. FOR YOU. FOR US.
Коментари
Deckard 22 апр. 2023 в 11:24 
Tes évaluations sont un vrai régal ainsi qu'une excellente source d'inspiration :LIS_butterfly::steamthumbsup:
Tigersushi 4 март 2019 в 16:26 
Shadow Tactics: Blades of the Shogun, quel bon choix ! Il faut que je m'y replonge, pour conclure.
tata--celine 28 дек. 2014 в 2:58 
Quel profil magnifique!