Blackreef. C’est sur cette mystérieuse île que vous vous réveillez un matin, bouteille à la main, juste après vous être fait violemment poignardé par une assassin. Vous y incarnerez Colt, un homme amnésique bloqué dans une boucle temporelle, contraint de revivre toujours la même journée. Votre but sera donc de mettre fin à cette boucle temporelle, et nul doute que ce ne sera pas chose aisée. Car pour se faire, il faudra éliminer 7 cibles, appelées visionnaires, le tout en une seule journée.
Le jeu est construit en quatre zones: le Complexe, la Baie de Karl, Updaam et le Rocher de Fristad. Vous aurez la possibilité de les explorer librement dans quatre temporalités différentes: le matin, le midi, l’après-midi et le soir. Suite à quoi une nouvelle boucle commencera.
La force d’un tel concept, c’est que des événements particuliers n’auront lieu qu’à certaines périodes de la journée, et ce sera à vous de les découvrir. Tandis que d’autres événements pourront être déclenchés seulement en réalisant des actions précises plus tôt dans la journée. Chaque cible a sa propre routine, ses moments de disponibilité. Pour arriver à votre fin, ce sera à vous de découvrir comment rentabiliser au maximum chaque moment de la journée, comment réunir des cibles au même endroit, au même moment.
Toutes les connaissances accumulées au fil des jours seront notées et consultables à tout moment, vous permettant même de débloquer de nouvelles quêtes, soit pour avancer dans l’histoire, soit pour récupérer de nouvelles armes ou pouvoirs. A savoir qu’il n’y pas de limite de temps pour l’exploration de chaque zone: ce n’est qu’une fois que vous aurez choisi de quitter le lieu que le temps avancera.


Tuer 7 visionnaires dans la même journée serait trop simple sans qu’un assassin ayant les mêmes facultés essaye de vous tuer chaque jour, non ? Julianna, c’est le facteur aléatoire qui viendra ajouter un peu de piment à vos boucles. En mode solo, elle sera contrôlée par un ordinateur, mais elle peut très bien être jouée par un autre joueur. Car oui, Deathloop possède un mode multijoueur. Vous y contrôlerez Julianna, votre but sera d’envahir un ami ou un autre joueur afin de protéger la boucle. L’assassin possède son propre pouvoir personnel: elle peut prendre l’apparence de n’importe quel pnj. Au moment où l’invasion commence, Colt n'a plus la possibilité de quitter la carte sans avoir au préalable piraté une antenne. Vous avez donc le choix: attendre sagement que votre cible s’approche de l’antenne, ou prendre les devants et commencer à le traquer. Sur le papier, le mode multijoueur a d'excellentes idées et parait amusant.
En réalité, en tant que Colt, l’expérience peut vite devenir frustrante si un autre joueur décide de vous envahir dans un moment clé, j’ai personnellement terminé le jeu en mode solo pour cette raison. Heureusement, vous ne pouvez vous faire envahir au maximum qu’une seule fois par boucle. Au contraire, si Julianna est contrôlée par l’ordinateur, il n’y aura que très peu de défis.
En tant que Julianna, les premières invasions seront certainement difficiles, le temps de gagner en niveau et de débloquer de nouvelles armes et améliorations. Il est assez difficile d’éliminer Cold définitivement, car si votre pouvoir vous permet de changer d’apparence, le sien lui permet de revivre jusqu’à 3 fois avant de recommencer une journée. Selon l’hôte, de gros problèmes de connexion pourront se faire ressentir, frustrant au point de devenir injouable et de devoir quitter la partie.


On a parlé des pouvoirs uniques de nos deux personnages, mais d’autres pouvoirs (qui ne manqueront pas de nous rappeler ceux de Dishonored) sont disponibles. Ils seront à récupérer auprès des visionnaires ou de Julianna après les avoir tués. Téléportation, invisibilité, stéroïdes d'attaque, et plus encore… Chaque cible possède son propre pouvoir, tandis que Julianna, elle, possèdera à chaque invasion un pouvoir aléatoire provenant d’un visionnaire. En soi, tous les pouvoirs sont intéressants, funs, et apportent de nouvelles approches de gameplay, comme infiltrer un lieu bien plus discrètement ou tuer une cible plus facilement et d’une différente manière.
Côté arsenal, vous pourrez amener jusqu’à trois armes avec vous. Chaque arme possède un niveau de rareté: allant de commun à légendaire, en passant par rare et épique. La rareté est symbolisée par une couleur et influe notamment sur le nombre d’améliorations (breloques) que vous pouvez équiper sur votre arme. Les armes légendaires quant à elles, sont uniques et ont leur propre particularité.
Autre équipement que vous aurez toujours avec vous: le hackamajig. Ce gadget vous permettra de pirater à distance toute sorte d’équipement: des tourelles ennemies, des caméras de surveillances, des portes verrouillées, des mines, et bien plus encore…
Très vite dans le jeu, il sera possible d’infuser ses armes et améliorations. L’infusion vous permet, en échange de résidus (une matière trouvable un peu partout sur la carte), de conserver votre équipement d’une boucle à l’autre. Vous l’aurez compris, plus les jours passeront, plus vous aurez d’armes et d’améliorations. Un petit côté rogue-lite que l’on appréciera.


Quatre zones, c’est peu. Mais le savoir-faire d’Arkane oblige, les cartes sont truffées d’éléments à découvrir, d’énigmes et de passages secrets. Je préfère clairement ça à un monde certes vaste, mais vide au final. Chaque pièce est remplie de détails, on aime se perdre et découvrir chaque lieu. Personnellement, j’aurais aimé que l’exploration soit un poil plus récompensée. Il est en effet possible de partir explorer la carte librement, mais la trame principale reste assez explicite: on a finalement juste à suivre des marqueurs de quête tout le long de l’aventure.
Côté gameplay, rien à dire. Les mouvements sont fluides et précis, le maniement des armes ainsi que les effets sonores sont vraiment agréables. On notera quand même une intelligence artificielle perfectible.
Malheureusement, c’est surtout le concept en lui-même qui aurait pu aller plus loin. En somme, les cartes ne changent fondamentalement pas entre les différents moments de la journée. En effet, la structure reste toujours la même et les zones qui deviennent accessibles selon l’heure de la journée sont assez rares. De manière générale, c’est surtout la position des ennemis, la météo et certains décors qui viennent à évoluer.
Et c’est la même chose concernant la manière de terminer le jeu: au final une seule approche est possible pour réaliser la “boucle parfaite”, cette boucle où vous arrivez à tuer tous vos ennemis en une seule journée. On aurait apprécié avoir plusieurs façons d’arriver à notre fin, que les moyens de débloquer des lieux ou passages secrets soient plus variés et ne se limitent pas à trouver un mot de passe, même si je me doute bien du travail colossal que cela aurait demandé.


Qu’on se le dise, Deathloop est un très bon jeu, peut être même un excellent jeu. Il n’est cependant pas le chef d'œuvre qu’il aurait pu être: il lui manque pour ça une once de travail supplémentaire sur certains pans du jeu. En effet, on aurait aimé avoir plus de changements entre les zones selon l’heure de la journée, mais aussi plus de manières différentes d’arriver à ses fins.
Pourtant, je ne peux que recommander Deathloop. Car malgré ses imperfections, le jeu possède une direction artistique admirable, un gameplay précis et franchement amusant, un univers soigné et une relation entre Colt et Julianna captivante. Comptez une quinzaine d’heures pour terminer l’histoire principale, et une trentaine d’heures pour explorer en détail tout ce dont le jeu a à vous offrir.