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Frank Delandshere   Amay, Liege, Belgium
 
 
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Jouer à Dragon's Dogma, c'est faire l'expérience, tour à tour, de la jubilation la plus extatique et de l'agacement le plus profond. Cette critique sera un peu plus longue que mes précédentes, parce qu'on touche ici à des aspects si fondamentaux du RPG, tantôt en bien, tantôt en mal, qu'il me paraît nécessaire de nous y attarder.

Tout d'abord, sur le plan innovant, nous avons à notre disposition jusque trois suivants (appelés "pions") contrôlés par l'IA qui vont nous aider tout au long de notre progression. D'abord au combat, bien entendu, mais aussi sur le plan tactique. En effet, au fil du jeu, ils nous renseignent sur le terrain, les zones traversées, les PNJ rencontrés, mais aussi sur les quêtes et les ennemis, du simple gobelin aux plus grands monstres. Ils vous conseillent jusqu'au cœur des combats, ajoutant ainsi à leur dynamisme. Plus encore, les connaissances de ces personnages évoluent et s'affinent au fur et à mesure qu'ils sont confrontés aux situations rencontrées. L'un de ces personnages est d'ailleurs votre bras droit, et lorsque vous n'êtes pas connecté, d'autres joueurs peuvent le recruter, faisant en sorte qu'il vous revienne plus aguerri et fort de nouvelles expériences !

Deuxièmement, le système de classes de personnages est si flexible qu'il nous permet, après avoir choisi une vocation (guerrier, mage ou rôdeur), de tester différentes techniques pour mieux choisir celles qui correspondent le mieux à notre style de jeu. Et certaines de techniques sont véritablement exultantes. Le plaisir du combat est tout à fait intense, d'autant plus si vos pions sont de classes variées.

Ce qui m'amène au point suivant : le cœur du combat. Voici un jeu qui nous plonge dans l'aventure open world du niveau de Skyrim avec ENFIN des combats de boss du niveau de Shadow of The Colossus ou de Monster Hunter. Et sans QTE ! Les ennemis rencontrés, du plus petit au plus grand, ont leurs propres techniques d'attaque qu'il va nous falloir apprendre à reconnaître pour mieux les contrer. Un simple escarmouche contre une meute de loups est déjà particulièrement immersive, mais l'intensité et la richesse des combat contre les chimères, les ogres, bien sûr les dragons, et tous les autres, prennent des proportions si incroyablement épiques que nos taux d'adrénaline et de dopamine semblent décuplés.

Je passe rapidement sur le système de création du personnage d'une grande richesse, qui permet par exemple de personnaliser la posture, les expressions, mais aussi l'âge au point, si on le souhaite, de jouer un enfant. Et on trouve l'excellente surprise de voir notre personnage figurer dans les cut-scenes tel qu'on l'a détaillé.

Passons à présent aux problèmes, et ils sont de taille.

À commencer par la quasi absence de waypoints. Suis-moi bien, ami lecteur, parce que c'est du lourd. Imagine un monde presque aussi grand que Skyrim, mais comportant seulement trois waypoints, tous du même côté de la map. Tu y es ? Maintenant, imagine que les quêtes te demandent régulièrement de te rendre de l'autre côté de la map, donc de traverser des dizaines de fois les mêmes zones à pied. Ça va toujours ? Imagine ensuite que ces zones sont toujours peuplées des mêmes ennemis, au point que tu finisses par savoir par cœur lesquels poppent précisément où, et en quel nombre. Tu y es ? Ce n'est pas fini. Imagines, enfin, que tes trois pions vont répéter ad nauseam les mêmes avertissements, les mêmes conseils tactiques, les mêmes cris de victoire lors de chaque rencontre. Et là, normalement, tu devrais te faire une certaine idée de l'agacement qu'on ressent au fil du voyage. Et ce n'est rien de le dire.

Parce que ces pions ne vont jamais la fermer, crois-moi. Ils commentent le moindre panorama, le moindre détour de chemin, la moindre impression que la météo leur laisse, la moindre douleur de leurs cors aux pieds. Et ils parlent les uns sur les autres. En permanence. Au point de ne plus rien entendre de ce qu'ils disent chacun. Et pas moyen de les rendre muets. Et ça, ami lecteur, c'est une torture psychologique d'un niveau rarement atteint dans le jeu vidéo. Je ne comprends tout simplement pas comment un problème comme ça a pu passer le cap de la beta dans un jeu de cette envergure.

Il me reste à parler du scénario qui est d'une rare médiocrité. De la quête principale à la plus petite side-quest, c'est une valse des pires clichés du genre, des incohérences les plus absconses et globalement de l'inspiration la plus pauvre. C'est triste à dire, mais l'équipe de Capcom n'a manifestement pas assez joué à des RPG occidentaux pour se rendre compte qu'il y a des erreurs qu'on ne fait plus depuis longtemps.

Mais malgré ces faiblesses qui normalement me donneraient envie de faire passer le jeu à travers la fenêtre (fermée), je continue de le recommander. Parce que les points positifs imprègnent le jeu d'une telle force épique que vous ne pouvez pas passer à côté si vous êtes amateurs de RPG.
Comments
Robin HOOD 15 Feb, 2014 @ 12:07am 
merci pour l'échange de badges. J'espère que c'était pas en attente depuis des mois. J'ai un peu de mal à m'y retrouver dans cette interface :)