Si Ion Fury était un bel hommage aux Doom-like reprenant tous les mécanismes et un aspect visuel fidèle aux jeux de cette ère, Phantom Fury quant à lui se présente sous la forme d'une lettre d'amour à tous les adorateurs de Half Life, Unreal et consort. Il donne même une idée de ce qu'aurait pu être Duke Nukem Forever dans sa version de 2001 tant la ressemblance y est parfois flagrante (surtout certains niveaux qui je pense ont été inspirés par les bandes-annonces de l'époque).

Nous retrouvons donc Shelly "Bombshell" Harrison quelques années après les événements de Ion Fury se concluant pour rappel sur la mort du machiavélique Docteur Heskel. Victime d'un terrible accident en intervention lui ayant valu son bras droit, notre héroïne désormais affublée d'un bras bionique surpuissant doit arrêter un mystérieux conspirateur tentant de s’accaparer un artefact sobrement intitulé "cœur de démon" d'une redoutable puissance telle qu'elle pourrait mettre le monde entier à genoux.

A l'instar du premier volet des aventures de Gordon Freeman, Phantom Fury se désigne comme un jeu de tir à la première personne scénarisé comportant moult dialogues plus ou moins pertinents et d'une mise en scène largement plus poussée que tout ce que l'on pouvait voir avant 1998 dans ce registre de jeu. De plus, les niveaux mettent l'accent sur l'interactivité avec le joueur et permettent de jouir d'activités totalement secondaires mais amusantes (jouer au flipper, aux bornes d'arcade, au billard, au basket ou à la guitare), de déplacer des éléments du décor pour s'en servir d'arme ou se frayer un chemin à travers les niveaux, ou bien de faire apparaître des objets de ravitaillement (utilisation de distributeurs de boissons, ouverture de réfrigérateurs, de poubelles, de caisses de munitions, etc.)

La construction des niveaux en outre est généralement décomposée en séries de couloirs scriptés débouchant sur des zones plus ouvertes faisant office d'arènes. La progression est rythmée par les cascades d'ennemis vous tombant dessus, sur les différentes clés à trouver, ordinateurs à consulter, ou autre mécanisme à dénicher pour pouvoir accéder à certaines zones du niveau et en voir la fin.
Le jeu est parfois ponctué de phases en véhicule (jeep, hélicoptère, engin submersible) où le but sera évidemment de faire dans la dentelle : trouer la peau de tous les adversaires qui se dresseront sur votre chemin.

Comptez sur un large éventail d'ennemis pour vous fausser compagnie : du simple soldat de base aux unités blindées munies de canons et de sulfateuses en passant par les kamikazes, les robots sentinelles et autres espions invisibles à matraque qui se cachent dans le décor. Ajoutez un grain de fantaisie avec des hordes de zombies qui parfois crachent de l'acide, des cerveaux rampants et autres mastodontes zombies qui vous foncent dessus pour vous écraser à coup de poing. Les ennemis sont très souvent en surnombre face à vous et agissent ensemble pour vous forcer à quitter votre abri. En résulte des combats souvent nerveux et intenses, surtout dans les niveaux de difficulté les plus élevés. Mention spéciale aux derniers niveaux du jeu qui accélèrent d'autant plus le rythme.

Pour bien faire les choses, comptez sur un large éventail d'armes et d'améliorations : outre la matraque électrique et le traditionnel revolver "Loverboy" toujours à la ceinture de Shelly, vous trouverez durant vos pérégrinations toutes sortes de jouets amusants tels qu'un fusil à pompe, un fusil de chasse, un pistolet semi-automatique, une tronçonneuse laser, un lance-roquettes, un duo de pistolets-mitrailleurs à balles incendiaires, un arc à tension laser, un fusil d'assaut, un fusil à plasma, un magnum (qui rappelle étrangement l'Enforcer d'Unreal), et d'autres armes plus "exotiques" dont une arme biologique cracheuse d'acide (qui n'est pas sans rappeler celle dans Half Life) ou diverses armes énergétiques, sans oublier la fameuse bombe Bowling, emblème cher à la série.

Ajoutez à chaque arme des tirs alternatifs permettant de provoquer des effets très différents, à débloquer via des terminaux et vous aurez largement de quoi varier les plaisirs tout au long de l'aventure.
Outre les armes, Il est également possible d'améliorer les effets de votre bras bionique et de votre combinaison afin de récupérer des points de vie et de bouclier sous certaines conditions, d'augmenter votre barre de santé, de frapper avec votre poing d'une manière plus puissante, de déclencher une explosion électrique à chaque rechargement ou bien encore d'accélérer votre vitesse de rechargement.
Le gain en puissance se fait lentement mais sûrement tout au long du jeu, et donne sur la fin d'être une machine à tuer increvable, le sentiment est juste excellent.

Visuellement parlant, le jeu se dote de graphismes en 3D intégrale avec des textures volontairement pixelisées rappelant le côté néo-rétro assumé du titre. Les décors sont généralement très travaillés et variés qui plus est. Du désert américain à la ville futuriste de Chicago en ruines en passant par un complexe scientifique lugubre, le jeu sait éviter la lassitude visuelle.
Question ambiance sonore, les musiques se veulent pour le moins anecdotiques. Les bruitages en revanche remplissent bien à mon sens leur office. Les armes ont de la patate et le sentiment de puissance se fait sentir à l'impact. Certains effets sonores sont peut-être un peu moins bien fichus, comme les bruits d'impact de balles dans le décor qui peuvent manquer, surtout quand des gros hélicoptères de combat criblent votre abri de balles par exemple, mais c'est bien là le seul reproche que je peux faire.

Phantom Fury propose une recette différente de son prédécesseur mais parvient une fois de plus à rendre hommage aux titres dont il s'inspire allègrement. Un jeu à siroter sans modération pour les aficionados du genre. Espérons qu'une suite avec un concept encore différent voit le jour d'ici peu !