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Playerunknown's Battlegrounds : un concept enfin maîtrisé ?
À la croisée des chemins entre le PVP de DayZ, le très arcade H1Z1 et l’anecdotique The Culling, le succès du lancement en accès anticipé de Playerunknown's Battlegrounds semble montrer que les joueurs y croient dur. Cela n’est-il dû qu’à la couverture massive que le jeu a reçu sur Twitch durant la beta ? Rien n’est moins sûr, voyons pourquoi.

Là où DayZ, et H1Z1 finissaient par aboutir à du “Battle Royale style” à force de renoncer et d’abâtardir leurs concepts initiaux (le PVE se voulait très présent), là où The Culling se montrait très déséquilibré et perclus de mécaniques de jeu douteuses au prétexte de faire différent, Playerunknown's Battlegrounds ne cherche pas à faire le malin et vise directement le Battle Royale, de façon simple et donc efficace. Et ce positionnement sans esbroufe semble avoir touché juste.

Ce jeu a de qui tenir. PLAYERUNKNOWN, c'est le pseudo du développeur principal, Brendan Greene, à l'origine des modes Battle Royale d'Arma 3 et de H1Z1. Jusqu'à 99 joueurs sont parachutés sur une île de 18km2, sur des serveurs spécifiques : un mode pour les joueurs solo, un mode pour les duos, et un mode pour les escadrons (jusqu'à 4 joueurs). Une mécanique de brouillard toxique à la H1Z1 restreint progressivement la zone de jeu pour forcer les rencontres.

Larmes à gauche

Et je ne parle pas des élections… Tout est décidément à la mode dans ce jeu : c’est un accès anticipé ! Dire des accès anticipés qu'ils ont "un gros potentiel si les développeurs suivent la communauté, ça peut être maxichouette", y'en a super marre. Et cela vient avec son lot de problèmes : serveurs EU relativement à la ramasse, pas d'optimisation, et il suffit d'avoir une connexion moyenne (8Mo) pour qu'il vous arrive de mettre 15 secondes à ramasser un bandage ou à changer d'arme.

Les commandes sont assez nombreuses, et pas forcément judicieuses : par exemple les touches A et E, traditionnellement dévolues aux coups d'œil à droite et à gauche, déclenchent aussi le changement d'épaule de la caméra TPS, mais seulement en visée. Avant de l'avoir compris, c'est perturbant, après c'est quand même mal fichu. Si le bruit des armes est très réussi, la spatialisation du son est parfaitement désastreuse, et vous aurez bien du mal à localiser précisément l'origine des tirs ou des bruits de pas, ce qui est un grave manque dans ce style de jeu.

Un autre défaut (de conception à mon avis), mais qui n’est pas propre à Playerunknown's Battlegrounds, c’est que le jeu permet, pour de fumeuses raisons de performances, de baisser à outrance les options graphiques. Ce qui permet soit de voir tout le monde en premier, en jouant à un jeu immonde graphiquement, soit d’avoir des graphismes corrects et du coup d’être pénalisé (par l’herbe, les textures plus travaillées, etc.). Il faudrait un jour que les FPS trouvent un bon équilibre dans ces réglages « config mini ». C’est quand même grotesque de voir des steamers Twitch avec des 1080Ti jouer en ultra-low…

Et pour les fans de l’angle de vision de la mouche (suivez mon regard…), pas de réglage du FOV, mais ils vont l’implémenter, juré craché.

Bilan à l'équilibre

Ceci dit l'ensemble à l'air plus solide et mieux pensé et dosé que dans les jeux similaires au même stade de développement. Les armes sont assez diverses et offrent un bon feeling. Les loots sont assez bien répartis, et il est rare de commencer une partie sans avoir de quoi se défendre un minimum. La RNG est présente et si vous démarrez dans un lieu peuplé, vous pouvez avoir la malchance de vous retrouver avec une poêle à frire en main, face à un AK. Mais mon impression est que Greene a enfin pu faire ici ce qu'il n'a pas pu faire avant, c'est à dire non pas un jeu avec des innovations de fou, mais un équilibrage loot / armes / taille de carte / timing du brouillard particulièrement réussi. Cet équilibrage global permet de prendre du plaisir tout au long de la partie, et même si le but est bien sûr de finir seul survivant, c'est plutôt un bonus, et on prend du plaisir tout du long de la partie, sans forcément atteindre le top 10.

Il est rare de ne croiser vraiment personne longtemps, la taille de la carte et le nombre de véhicules disponibles permet d'éviter le syndrome "simulateur de randonnée" tout en ayant quand même suffisamment d'espace pour évoluer. Seul bémol, il y a peut-être un peu trop de zones de plaines dégagées, avantageant les petits chanceux qui ont trouvé un fusil de snipe et un viseur x8, x15, mais ça reste gérable.

Vous pouvez démarrer comme vous le souhaitez : vous êtes plutôt renard et préférez accumuler du loot sans vous battre comme un chiffonnier pour une boîte de cartouches ? Éloignez-vous de la trajectoire de l'avion (on peut aller très loin lors du parachutage) et amassez tranquillement votre arsenal pour revenir vous battre. Sinon foncez comme un dément dans un petit immeuble à 15 gugusses et priez pour être le premier à tomber sur une arme. Les deux sont assez jouissifs.

Un autre point fort, très important, c’est que vous ne pouvez pas remplir comme un petit goret vote sac à dos d’armes et d’armures. Une fois que vous êtes équipé, par exemple d’un casque, vous pouvez en changer pour un meilleur (les armures et les sacs à dos ont 3 tiers), mais vous laissez obligatoirement ce dont vous n’êtes pas équipé derrière vous. Cela a le double avantage de laisser du loot pour tout le monde, ainsi que d’équilibrer les fins de partie où on ne peut pas se retrouver avec des adversaires ayant 4 casques tiers 3 dans leur inventaire.

Ne vous attendez pas à jouer comme vos Twitcheurs préférés, vous vous ferez souvent flinguer dans le dos ! Mais contrairement à ce que j'ai lu ici ou là, ça ne campe pas vraiment, la plupart des gens circulent bien. À part lors de duels un poil tendus indoor, lors desquels il vaut mieux se faire discret et se déplacer doucement, afin de repérer l'ennemi grâce au bruit qu'il fait.

En l'état, je conseille fortement l'achat du jeu à tous les amateurs du genre, car il n'y a pas à attendre que les problèmes (réels) du jeu soient réglés pour prendre des dizaines d'heures de plaisir, dans un concept enfin plus abouti et mieux tenu que pour ses concurrents, et contrairement à beaucoup d'autres "accès anticipés" (de merde).

Allez, à plus, poêle à la main.